
ANATOMIE
Le "gros orteil", appelé hallux, est constitué de deux phalanges et s'articule avec le premier métatarsien au niveau de l'articulation MétaTarso-Phalangienne.
Cette articulation joue un rôle essentiel dans la marche, permettant la flexion dorsale nécessaire lors de la phase de propulsion.
Le cartilage est une couche lisse qui recouvre les surfaces osseuses au niveau des articulations. Il permet un glissement harmonieux et indolore lors des mouvements.
PATHOLOGIE
L'hallux rigidus (ou « arthrose du gros orteil ») est une usure progressive du cartilage de l'articulation Méta-Tarso-Phalangienne du gros orteil.
Cette dégénérescence du cartilage conduit à une limitation progressive de la mobilité articulaire, en particulier de la flexion dorsale (mouvement de l'orteil vers le haut).
Des excroissances osseuses appelées ostéophytes se développent autour de l'articulation, notamment sur le dos de l'articulation, formant une « bosse » qui peut entrer en conflit avec la chaussure.
Plusieurs facteurs peuvent favoriser son apparition : antécédents de traumatisme du gros orteil, micro-traumatismes répétés, déformation en hallux valgus.
L'arthrose a tendance à s'aggraver progressivement jusqu'à une raideur quasi-complète et une douleur persistante.
SYMPTÔMES
Les symptômes sont directement liés à l'atteinte articulaire :
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Des douleurs à la marche, particulièrement lors de la propulsion (déroulement du pas), de la montée d'escaliers ou lors de la mise sur les pointes de pieds
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Une raideur articulaire avec limitation progressive de la mobilité, notamment en flexion dorsale
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Un gonflement de l'articulation
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Une excroissance osseuse (ostéophyte) sur le dessus de l'articulation, pouvant créer un conflit avec la chaussure
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Une gêne fonctionnelle avec difficultés dans certaines situations (accroupissement, mise sur les pointes de pieds, port de chaussures à talons)
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Une boiterie avec modification de la marche pour éviter l'appui douloureux
Pour compenser le manque de mobilité du gros orteil, les patients peuvent développer des métatarsalgies de transfert sur les métatarsiens latéraux, voire des douleurs au niveau d'autres articulations (cheville, genou, hanche, dos).
DIAGNOSTIC
Le diagnostic d'hallux rigidus est avant tout clinique:
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Diminution de la mobilité
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Douleur à la mobilisation de l'articulation et
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Présence d'ostéophytes palpables.
L'examen réalisé par le chirurgien recherche l'existence d'éventuelles pathologies associées, notamment des signes d'atteinte des articulations adjacentes ou des métatarsalgies et évalue la répercussion sur la marche.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
Les radiographies du pied en charge (debout) constituent l'examen de référence.
Indispensables, elles permettent de confirmer le diagnostic, d'évaluer le degré d'arthrose (pincement articulaire, ostéophytes, géodes), de mesurer les angles et la morphologie du pied, et de planifier la stratégie thérapeutique.
L'IRM peut être utile en cas d'arthrose débutante ou de divergence entre l'examen clinique et les radiographies.
PRISE EN CHARGE CONSERVATRICE
Le traitement conservateur est privilégié en première intention, particulièrement aux stades précoces.
Cela implique un chaussage adapté: chaussures larges et souples à l'avant-pied, avec une semelle plutôt rigide.
Les semelles orthopédiques sont une mesure efficace pour diminuer les métatarsalgies.
Les infiltrations (Corticoïdes ou PRP) peuvent être proposées pour soulager temporairement les poussées inflammatoires douloureuses.
Ces traitements permettent de soulager les symptômes mais ne modifient pas l'évolution naturelle de l'arthrose.
PRISE EN CHARGE CHIRURGICALE
On peut proposer une intervention chirurgicale quand l'hallux rigidus a un impact négatif sur la qualité de vie malgré des mesures conservatrices adaptées.
Techniques chirurgicales
Il existe plusieurs techniques chirurgicales pour traiter un hallux rigidus. Le choix de la technique est discuté lors de la consultation en prenant en compte :
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la situation locale (douleur liée à l'atteinte cartilagineuse ou à la présence d'ostéophyte)
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le contexte global,
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les attentes et besoins du patient
On peut distinguer principalement :
Chirurgie conservatrice
Cheilectomie Elle consiste à enlever les ostéophytes (excroissances osseuses) situés sur le dos de l'articulation, tout en préservant l'articulation. Cette intervention permet de libérer la mobilité articulaire et de supprimer les conflits avec la chaussure. Elle est indiquée aux stades débutants ou modérés, lorsqu'il reste encore du cartilage fonctionnel. Les résultats sont généralement bons avec un soulagement des douleurs et une amélioration de la mobilité, mais l'évolution de l'arthrose peut nécessiter une intervention complémentaire à distance.
Chirurgie non conservatrice
Arthrodèse métatarso-phalangienne Elle consiste à bloquer définitivement l'articulation métatarso-phalangienne dans une position fonctionnelle optimale (légère flexion dorsale). Les surfaces articulaires sont préparées (retrait du cartilage abîmé) puis maintenues par un matériel d'ostéosynthèse (vis et plaque) le temps de la consolidation osseuse. Cette intervention supprime définitivement les douleurs liées à l'arthrose puisque l'articulation ne bouge plus. Elle est indiquée dans les formes sévères avec destruction articulaire importante ou après échec d'une chirurgie conservatrice. Malgré le blocage de l'articulation, la marche reste fonctionnelle grâce à la compensation par les autres articulations du pied. Les patients peuvent reprendre la plupart de leurs activités, y compris sportives, bien que certains sports de pivot restent plus difficiles.
TECHNIQUES CHIRURGICALES
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Chéilectomie (stade débutant à modéré)
➤ Résection des ostéophytes, libération de l’extension
➤ Conserve l’articulation -
Arthrodèse MTP (forme sévère)
➤ Fusion définitive de l’articulation
➤ Solution fiable et durable pour les douleurs résistantes
MODALITES ET SUITE OPÉRATOIRE
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Chirurgie souvent réalisée en ambulatoire
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Appui autorisé avec chaussure postopératoire selon le geste
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Fils retirés vers J+15
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Rééducation si mobilité conservée (chéilectomie)
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Chaussage normal repris à 4 à 6 semaines
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Résultat stable et très satisfaisant, surtout après arthrodèse dans les formes sévères
